Ukraine : L'indépendance à coups d'éponge
Je ne m'étalerai pas sur l'importance ou les enjeux du conflit actuel qui agite l'Ukraine. De nombreux politologues, analystes et spécialistes de la géopolitique le font sûrement mieux que moi. Ou pas. Mais peu importe.
Mais à titre purement personnel, ce conflit (ou plutôt la gestion de son information) a radicalement changé de nombreuses choses pour moi.
J'ai toujours abordé les médias, classiques ou alternatifs, avec beaucoup de recul. Par éducation, par principe ou par crainte. Mais finalement j'ai toujours fais confiance à l'interface qu'il pouvait y avoir entre les faits et mon interprétation.
Dans le cas de l'Ukraine, les choses sont différentes.
Depuis novembre 2013, je tente de suivre de près le conflit. Pour des raisons que je ne saurai expliquer en totalité, ces évènements me bouleversent. Depuis ma première prise d'informations à ce jour, je n'ai pas passé une journée sans me tenir informé à travers plusieurs articles, galeries photos ou live stream. Et peu à peu, je me rends compte que mon approche sur l'information de ces évènements a muté. Devant le silence qui a longtemps été fait sur les mouvements de Kiev, j'ai petit à petit, tenté de trouver des informations un peu plus proche; une manière de s'approcher de "la source", pour au final, sur bien des aspects, en devenir une.
Très concrètement, j'ai réussi à reprendre contact depuis le 20 décembre 2013, avec un Ukrainien croisé initialement lors d'un voyage à Milan en décembre 2008. Lui-même impliqué dans le mouvement de "Auto Maïdan", je pouvais difficilement trouver source plus proche de la réalité des faits. Petit à petit, j'ai noué différents contacts avec d'autres "locaux"; majoritairement des étudiants. Les relations se sont consolidées autour d'une volonté de chacun de faire remonter la réalité des faits, en montant et diffusant des vidéos ou des photographies. Je n'ai aucun amour pour les langues étrangères, mais je me suis même étonné à me mettre à l'apprentissage de l'Ukrainien, espérant saisir le sens de quelques Tweet ou articles de presse.
Pour la première fois dans mon approche et ma consommation d'information, je faisais l'effort de chercher une réalité de faits.
Et ça me bouffe. Clairement, ça me flingue. J'ai l'impression de réellement toucher du doigt la différence qui existe entre les interprétations médiatiques et la réalité des faits - ou tout du moins ceux qui me parviennent. Je n'ai aucune prétention en la matière, mais rares sont les médias qui arrivent à se saisir avec objectivité des faits. Il y a pourtant quelques émissions de radios ou articles de presse qui font moins d'erreurs que d'autres, mais ils sont rares : il semble convenir dans les rédactions, de chercher à avancer constamment de grands stéréotypes facilement ingurgitables par le consommateur, hem, par le lecteur. Les images de mouvement pro-européen ou mené par des extrémistes politisés sont fausses. Pourtant tour à tour elles ont été / sont avancées. Et cette erreur d'interprétation est complètement à l'image des réactions politiques européennes : ils ne savent pas comment se saisir du sujet. Mais c'est un autre débat.
Au fil des jours, particulièrement ceux de cette semaine, mes contacts et moi-même en arrivons, d'une certaine manière, à la même perception. La désinformation est réelle. Et c'est usant d'essayer d'expliquer et montrer la réalité des faits quand une masse médiatique de plus en plus conséquente en expose une autre. Discuter avec des collègues de boulot, expliquer à la famille ou à d'autres inconnus; ce n'est pas facile quand on est naturellement renfermé avec aucun talent rédactionnel.
Et pour la première fois, je me sens dépassé. Non plus par la réalité des informations et des faits, mais par la manière que je peux désormais les gérer. C'est trop. Trop fort.
J'ai réellement l'impression de mettre approché trop près. Il pourrait surement y avoir plusieurs explications sur les douleurs que cela génère; mais peut-être que je n'ai finalement jamais été habitué à passer outre le filtre qu'offrent les diffusions d'informations classiques.
Bref. Aujourd'hui je jette l'éponge. Je perds réellement foi en la diffusion d'informations, notamment alternatives. Shaarli inclus. Un trop-plein dont la violence des faits Ukrainiens y est sûrement en parti responsable, mais pas uniquement.
Je remercie toutefois l'entière communauté de Shaarlieurs-ses. Tant pour les découvertes que l'expérience apportée ou le travail réalisé. Bonnes découvertes. хороші дороги
Fri Feb 21 10:24:07 2014 - permalink -
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