J'ai mal. Une ou deux fois.
Depuis plusieurs semaines, poitent sur la communauté Shaarlienne quelques messages de dépit, de lassitude et de fatigue. Certains isolés, d'autres symptômatiques ou plus profonds et contextuels.
J'ai toujours réussi à m'en préserver. Non pas à les lire, mais à me faire embarquer. Humanisme primaire, espoir d'un jeune père ou tout simplement foi en l'individu qui arrive à se retrouver autour de valeurs comme celles que consititue la communauté de Shaarli.fr
Et puis Charlie Hebdo et le drame d'aujourd'hui.
Mes premières pensées sont celles d'un mec qui ne réalise pas forcément la portée de l'évènement, et qui, presque par reflèxe, y cherche les liaisons ou le manque de relation, l'expression prenant la forme d'une diatribe à l'encontre de 10 ans de politique sécuritaire néfaste aux libertés des individus. "Et sinon, elle est où l'efficacité de toutes les lois liberticides votées ces 10 dernières années sous couvert de "Sécurité anti terrorisme" ?"
Puis les médias font leur taf. Pas celui que j'apprécie, celui dont j'ai toujours voulu me préserver en coupant TV et autres sites d'actu "live" : l'acharnement médiatique. Fûsse t il justifié, comme c'est peut être le cas après l'évènement d'aujourd'hui, il reste néanmoins dangereux. Tant que tes nerfs n'ont pas craqué, c'est que tu résistes; que tu n'as pas succombé. Reprend donc un peu de flash news et d'info en continue. Sur conseil d'un collègue développeur, j'ai coupé "Dance Me To The End Of Love" de Léonard Cohen pour me brancher sur le streaming live de France Infos.
Je n'ai pas bossé de l'après midi.
Je n'ai d'ailleurs pas allumé la radio en roulant pendant la demi heure habituelle qui me ramène chez moi. Le silence. Prendre du recul. Faire la part des choses.
Comme je le disais précédement, j'ai toujours réussi à résister face aux désespoirs d'un avenir délicat, d'autant plus depuis la naissance de mon fils. J'ai toujours réussi à garder une once de sérénité et à rester confiant sur l'avenir que j'allais en parti lui transmettre.
Puis ce soir, je l'ai vu me demander de ne pas travailler comme j'ai l'habitude de le faire, sur l'intervention en classe virtuelle que je m'apprétais à donner à la fac ce soir. Innocement, il jouait avec quelques cadeaux de Noêl. Pourtant, je suis parti. Chialer dans mon bureau. Je lui laisse "ça". Ce monde là. Je suis plein de principes. Je suis plein de libertés à défendre et de causes qui m'interpèlent. Mais je ne fais rien pour défendre le monde que je veux lui offrir. On partage quelques liens, accessoirement on fait un peu de pédago dans notre entourage. Mais au final, on continue d'avoir un boulot de développeur dans un boîte de comm'; oscillant entre le rythme rassurant d'un boulot-famille, rythme qui nous permet de ne pas avoir trop de compte à rendre à nous même.
J'ai repris le dessus. Je l'ai couché, puis suis aller donner mon cours en ligne. Comme par reflèxe, la technique a pris le dessus sur l'actualité. Reprend une dose de fuite, ça passera mieux. Pchit, une bière. Et pour la première fois depuis un paquet de mois, j'allume la TV pour autre chose que le dernier épisode de "Sam le Pompier".
A nouveau, les informations reprènent le dessus : en allumant l'écran, j'ai laissé ouvert un flux puissant d'informations que l'on tentera de rendre emouvantes et non informatives ou objectives. Même si pour le coup, la douleur est justifiée : on a assassiné froidement des mecs avec qui je ne partageai pas grand chose. Mais des journalistes qui sont morts pour leurs idées. Personne ne mérite de mourir pour des idées, fûssent elles politiques, idéologiques, de convictions ou religieuses.
Puis un Nième invité passe sur le plateau TV. Sa légitimité a être invité n'est pas évoqué; ce devait être un invité dispo ce soir là. "[...] les réseaux sociaux, les lieux de culte, même combat : des lieux où la loi ne s'opère pas et où la violence est permanente [...]". Personne ne contredis. Nous y voilà donc : les premières paroles exprimant la demande d'une réaction de violence face à la violence. Avec en filigrane une demande de privation de libertés pour tout le monde, fûssent elles numériques.
Putain, j'ai mal.
Mal pour la suite des évènements et la manière dont tout cela va être repris, déformé, remanié, tant par les politiques que les pensées prônant le clivage entre individus. Mal pour les libertés. Mal pour nous. Et surtout, égoistement, mal pour mon fils.
"Dance me through the panic 'til I'm gathered safely in."
Wed Jan 7 21:34:26 2015 - permalink -
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